Pratiques d’entaillage pour maximiser les rendements à long terme
Outre l’emplacement et le moment, la fréquence et la durée des conditions météorologiques pour l’écoulement de la sève, quatre facteurs principaux influencent les rendements totaux pouvant être obtenus à partir d’arbres individuels : le niveau de vide de l’entaille, l’assainissement du chalumeau et de la chute, les pratiques d’entaillage telles que la profondeur et le diamètre de l’entaille, et les caractéristiques de l’arbre telles que la taille et la génétique (concentration en sucre de la sève, etc.).
Le choix des pratiques d’entaillage, comme la profondeur et le diamètre des trous, est l’une des décisions les plus importantes à prendre chaque année, car il influence non seulement fortement les rendements qu’il est possible d’obtenir pendant la saison en cours, mais aussi les rendements possibles au cours des saisons suivantes. C’est pourquoi, au cours des dernières années, des expériences menées au Proctor Maple Research Center (PMRC) de l’Université du Vermont ont visé à quantifier l’effet de diverses pratiques d’entaillage sur les rendements en utilisant les pratiques de collecte actuelles (vacuum, assainissement du chalumeau et de la chute, etc.) afin de fournir des données permettant d’orienter les choix de pratiques d’entaillage qui maximiseront les rendements non seulement au cours de la saison actuelle, mais aussi à long terme.
Profondeur de l’entaille
Nous avons mené une étude sur trois ans afin de quantifier l’effet de la profondeur de l’entaille sur les rendements totaux en sirop sous vacuum. En moyenne, les entailles de 1 po de profondeur ont produit environ 63 % du rendement des entailles de 1,5 po de profondeur, tandis que les entailles de 2 po de profondeur ont produit environ 25 % de plus que les entailles de 1,5 po (Figure 1). Le fait de percer à une profondeur supérieure à 2 po n’a pas permis d’obtenir des gains supplémentaires par rapport aux entailles de 2 po.
Diamètre de l’entaille
Nous avons également mené plusieurs études pour déterminer l’incidence du diamètre de l’entaille sur les rendements. Tous les facteurs étant égaux, c’est-à-dire même matériau pour le chalumeau, même niveau de vide, etc., les rendements sont en moyenne plus faibles lorsque le diamètre de l’entaille est plus petit (Figure 2). Par exemple, les entailles de 1/4 po ont produit environ 10 % de moins que les entailles de 5/16 po. Notamment, ces résultats sont presque identiques à ceux d’une étude similaire réalisée à un vide de 28 po Hg par le Centre ACER.
Nombre d’entailles par arbre
Nous menons actuellement des recherches pour déterminer le rendement supplémentaire obtenu par l’ajout d’une deuxième entaille dans des conditions de vacuum. Les rendements totaux moyens en sirop des deux premières années de l’étude ont été utilisés pour calculer le gain estimé dérivé de la deuxième entaille par diamètre d’arbre (Figure 3). Grâce à ces données, le pourcentage de gain estimé à partir de la deuxième entaille variait d’environ 46 % pour un arbre de 18 po à environ 48 % pour un arbre de 28 po. Ce chiffre est légèrement inférieur aux gains observés dans les études précédentes, peut-être en raison des diamètres d’arbres plus petits inclus dans la présente étude. Nous menons actuellement cette étude sur des arbres de plus gros diamètres (moyenne de 24,7 po) et nous mettrons à jour ces résultats si nécessaire après les saisons de 2023 et 2024.
Nous savons donc que la profondeur, le diamètre et le nombre d’entailles influencent les rendements possibles, mais ils ont également un effet sur la quantité de bois compartimenté générée chaque année. La réponse de l’arbre à chaque blessure d’entaille génère une colonne de bois au-dessus et au-dessous de l’entaille qui est en permanence non conductrice pour la sève ou l’écoulement de l’eau pour l’arbre. La quantité de bois compartimenté générée est généralement proportionnelle à la taille de la blessure, de sorte que des entailles larges et profondes en nombre accru par arbre entraînent des quantités supérieures de bois compartimenté. Il s’agit d’un facteur important dans le choix des pratiques d’entaillage pour maximiser les rendements à long terme, car les trous d’entaillage percés dans le bois mort produisent beaucoup moins de sève que ceux percés dans du bois propre; dans une étude menée par l’Extension de l’Université du Vermont au PMRC, les entailles percées dans du bois coloré produisaient en moyenne 75 % moins de sève, avec des réductions d’autant plus importantes que le bois compartimenté était intercepté par l’entaille. Ainsi, plus la quantité de bois compartimenté s’accumule dans la zone d’entaillage de l’arbre, plus il y a de chances de la toucher et d’obtenir des rendements de sève réduits lors d’entaillages ultérieurs. C’est ainsi que le choix des pratiques d’entaillage de la saison en cours peut avoir une incidence
sur les rendements futurs.
Quelles sont donc les pratiques d’entaillage optimales pour maximiser les rendements, non seulement pendant la saison en cours, mais aussi à long terme? En réalité, ils varient en fonction du taux de croissance de l’arbre et de son état de santé, de l’historique de l’entaillage (p. ex., la quantité de bois compartimenté déjà présente), des caractéristiques du site, de la taille de l’arbre et d’autres facteurs, notamment le niveau de vide et d’autres caractéristiques de l’exploitation et des pratiques d’entaillage (longueur de la chute, etc.). Mais le facteur de loin le plus important est le taux de croissance radiale de l’arbre : c’est ce qui détermine la quantité de nouveau bois conducteur ajouté à la zone d’entaillage chaque année. Plus le taux de croissance est élevé, plus la quantité de bois compartimenté supporté est importante, car le bois conducteur se reconstitue rapidement. Ainsi, les arbres sains avec une bonne croissance
radiale (et sans antécédents d’entaillage excessif) peuvent supporter des pratiques d’entaillage moins prudentes, donc des entailles profondes, de grands diamètres, et de petits diamètres pour la première et la deuxième entaille. C’est pourquoi les pratiques visant à encourager la croissance vigoureuse et la santé des arbres de récolte, comme une éclaircie appropriée et d’autres pratiques exemplaires de gestion forestière, ainsi que les modifications du sol, si elles sont jugées nécessaires, sont la base de l’optimisation des rendements. Pour les arbres à faible taux de croissance ou en présence de conditions non idéales, c’est-à-dire des arbres dont les couronnes sont en position de suppression dans le couvert forestier, des arbres qui ont été récemment stressés ou qui présentent des signes de stress (dépérissement des branches, mortalité des rameaux fins, cicatrisation lente, etc.), des arbres qui ont des antécédents d’entaillage excessif, ou le contact fréquent avec le bois compartimenté lors de l’entaillage, des pratiques prudentes telles que des profondeurs d’entaillage faibles, de petits diamètres de chalumeau, et de grands diamètres minimums pour la première et la deuxième entaille sont plus appropriées.
D’autres facteurs influenceront également le choix des pratiques d’entaillage. Par exemple, toute pratique qui augmente efficacement la taille de la zone d’entaillage, donc une longueur plus importante des chutes, le déplacement de la tubulure latérale à la verticale et l’entaillage en-dessous de la tubulure latérale, augmente la quantité de bois conducteur disponible pour l’entaillage et peut contribuer à soutenir la durabilité des pratiques d’entaillage moins prudentes. Dans toutes les situations, le principe de base est toujours de viser des pratiques qui permettront d’obtenir les rendements maximums possibles pendant la saison en cours, tout en favorisant la disponibilité d’une quantité suffisante de bois conducteur à l’avenir, et donc des rendements futurs potentiels maximums, compte tenu des conditions des arbres et du site.
